L’aventure, au cœur de la recherche scientifique

Timéa Csengeri

Cela fait maintenant cinq ans que Timéa est radioastronome au sein du laboratoire d’astrophysique de Bordeaux (LAB – CNRS,  université de Bordeaux). Depuis ses premières aspirations pour l’astronomie et jusqu’à aujourd’hui, c’est son goût pour les voyages qui guide ses pas. Partir autour du monde pour tenter de repousser les limites du savoir, c’est comme ça qu’elle conçoit son métier.

© Timéa Csengeri

Choisir l’aventure plutôt que son confort

,C’est en Hongrie que grandit Timéa Csengeri. Elle entreprend des études scientifiques à l’Université des sciences Eötvös Loránd de Budapest, avant de partir pour Paris où elle obtient un poste en thèse sur l’étude de l’origine des étoiles. Elle y restera pendant trois ans, puis ira à Bonn, en Allemagne, rejoindre le très prestigieux Institut Max Planck durant neuf ans. Elle revient ensuite à Bordeaux, en France, pour rejoindre l’équipe, Formation d’étoiles et milieu interstellaire (FEMIS) au LAB, en tant que chercheuse et radioastronome.

Tous ces va-et-vient, Timéa ne les regrettera jamais. Pour elle, la recherche c’est avant tout changer de laboratoire, travailler dans plusieurs pays et partir en mission aux quatre coins du monde. « Je suis allée en Australie, je suis allée en Amérique du Sud, aux États-Unis… Et c’est quelque chose qui m’a toujours fascinée », déclare-t-elle. Elle raconte aussi qu’en Allemagne, elle partait tous les deux mois en mission pour travailler sur des télescopes, parfois situés dans les environnements les plus extrêmes de la Terre. Par exemple, Timéa a eu la chance d’embarquer à plusieurs reprises à bord d’un avion exceptionnel, transportant l’Observatoire stratosphérique pour l’astronomie infrarouge (SOFIA).

Il faut savoir qu’elle ne parle pas un mot de français lorsqu’elle décide de réaliser sa thèse à Paris. Après l’université, le monde s’ouvre à elle. D’un côté, on lui propose une thèse en Allemagne, un pays et une langue qu’elle connaît bien. De l’autre, la même opportunité, mais en France. « Je me suis dit : je ne connais pas la France, je suis jeune, et donc j’ai décidé de partir pour l’inconnu ». Ainsi à l’origine de ses choix de carrière, et en dépit de sa tranquillité apparente, Timéa dévoile une nature intrépide et aventurière.  Csengeri 

Ça me passionne de toucher à ce que personne d'autre ne voit, ce que personne d'autre ne comprend et toujours finir par découvrir quelque chose.
Timéa Csengeri

L’origine d’une passion

Il lui faut du temps avant de choisir l’astronomie parmi l’ensemble des matières scientifiques qui l’intéressent et c’est par la lecture, une de ses activités favorites, qu’elle se documente et transforme petit à petit sa curiosité en véritable passion. Dans les années équivalentes au lycée dans le système hongrois, elle intègre une association d’aéronautique qui lui permet d’en apprendre plus sur la recherche dans l’espace et qui marquera un tournant dans sa vie. À la suite d’un concours organisé par l’association, elle arrive seconde et remporte une place pour un camp spatial aux États-Unis. C’est une expérience déterminante, qui la conforte dans l’idée d’entreprendre des études en astrophysique.

Avion utilisé comme porteur du télescope SOFIA, lors de son premier vol en 2007 © NASA/Carla Thomas, via Wikimedia Commons

Son goût pour l’aventure, Timéa le tire de ses lectures de science-fiction. Si elle ne devait nommer qu’un auteur, ce serait certainement le romancier et biochimiste Isaac Asimov. Elle raconte qu’à travers ces lectures, elle s’imagine dans l’espace et à la découverte de nouveaux univers : « c’est peut-être de là que vient mon côté aventurier ».

En quête de ce qui nous est tous inconnu

Aujourd’hui, elle ne se lasse pas de la recherche en astrophysique. À travers ses observations aux télescopes, elle étudie la formation des étoiles et leur évolution physique et chimique pour comprendre comment elles se forment. Son équipe et elle se concentrent sur les étoiles beaucoup plus massives que le Soleil, des endroits où les évolutions et les complexifications chimiques de la matière sont conséquentes. Attirée par l’étude de ce que la science ne maîtrise pas, elle est, chaque jour, plus motivée par l’idée de lever le voile sur les mystères de l’origine des étoiles. « Ça me passionne de toucher à ce que personne d’autre ne voit, ce que personne d’autre ne comprend et toujours finir par découvrir quelque chose », confie-t-elle.

Écrit par Marion Lubac