Écoféminisme : L’origine d’une thèse engagée
Maureen Bal
À la fois doctorante au sein de l’Institut de recherche Montesquieu (IRM) en théorie politique et ATER* en science politique à l’université de Bordeaux, Maureen Bal a un emploi du temps bien rempli. Elle rédige actuellement sa thèse sur les impensés de l’écoféminisme en effectuant une étude comparative de la France et des États-Unis entre 1970 et 2020.
*ndlr : Attachée temporaire d’enseignement et de recherche
Un parcours atypique
Après un parcours littéraire, option Histoire des arts, elle se projetait dans la conservation du patrimoine au travers d’un concours. Elle décide de se diriger vers une licence de droit à l’université de Bordeaux pour avoir des bases juridiques. Pourtant, dès sa première année, elle prend les options sur l’Histoire des idées politiques, « j’avais envie de fuir les matières juridiques, ce n’était pas mon domaine », affirme-t-elle. Lors de sa troisième année, elle se spécialise en science politique avant d’entrer dans le master Politique comparée de l’université de Bordeaux. Dans ce dernier, elle effectue un premier mémoire qui va l’introduire à la recherche, ce qui va l’inciter à continuer dans cette voie.
Maureen Bal a grandi dans un cadre familial où la place du débat et de la culture générale est importante. « Il faut s’intéresser à l’actualité, lire les journaux, connaître l’état du monde », décrit-elle. Ces aspects ont été fondamentaux quant à son intérêt pour les idées politiques. N’étant pas engagée en tant que militante, elle se forme de manière autonome sur des sujets comme l’écologie ou le féminisme. Ces réflexions ont débuté au lycée, permis par son envie d’apprendre sur le monde et de débattre de ces sujets. Dans la suite de ses études et le choix de sa thèse, ses réflexions se sont poursuivies.
Un choix de sujet de thèse original et engagé
« C’est une anecdote amusante », déclare-t-elle pour évoquer son choix de thèse. Lors d’un cours, son directeur de thèse actuel a exprimé son intérêt de suivre quelqu’un sur l’écoféminisme. Voulant travailler avec lui, elle lui propose ce sujet et ils le coconstruisent autour de la figure de Françoise d’Eaubonne notamment. Sa thèse est une étude comparative de la réception des idées de l’écoféminisme entre la France et les États-Unis. Les années 70 sont la période où entame ce mouvement, mais ne prends qu’aux États-Unis. Contrairement en France où il prendra dans les années 2010. Maureen Bal définit l’écoféminisme comme la jonction entre l’écologie politique et le mouvement féminisme, critiquant les lacunes de chaque mouvement. « Selon les autrices de mon corpus, l’écoféminisme est aujourd’hui la seule solution pour quitter un système qui ne fonctionne pas et qui est voué à l’échec », poursuit-elle.
Cette idéologie est une critique du patriarcat, du colonialisme et du capitalisme, entre autres. Il y a une véritable convergence des luttes à l’échelle planétaire. C’est un mouvement vivant, évoluant avec son temps, lui permettant de se « questionner intellectuellement ».
Première édition du livre de François d’Eaubonne Le féminisme ou la mort, paru en 1974. C’est le premier ouvrage que Maureen Bal a consulté pour sa thèse. Il est trouvable à la Bibliothèque de Bordeaux, à Mériadeck.
Une thèse et des obstacles
La pandémie de COVID-19 s’est déroulée alors que Maureen Bal commençait sa première année de thèse. Entre isolement des autres doctorants et phases de confinement, les conditions n’étaient pas les meilleures pour entamer une thèse. Notamment pour avoir accès à des documents trouvables en bibliothèques universitaires uniquement. Des documents qui étaient pour une grande partie non traduits en français, ce qui « implique forcément un biais » justifie-t-elle, elle a dû traduire les extraits de certains ouvrages. Néanmoins, le mouvement de l’écoféminisme a pris de l’ampleur en France en 2015, apportant une vague de transcription d’ouvrages phares. Pour la doctorante, cela était stimulant et renforce son envie de continuer dans ce choix de thèse sur l’avenir. Elle préfère se concentrer sur la rédaction de sa thèse qui touche à sa fin et sur la soutenance qui va suivre.
Écrit par Laure Berne