Un physiologiste végétal semant les graines de la découverte

Christian Chevalier

Christian Chevalier, directeur de recherche rattaché au laboratoire de recherche Biologie du Fruit et Pathologie (INRAE et université de Bordeaux) cultive une passion pour les sciences et la biologie depuis son enfance. Une culture scientifique profondément ancrée dans le noyau familial qui l’a mené au fil de sa carrière à s’intéresser à la biologie du développement des fruits. C’est à INRAE, situé à Villenave-d’Ornon, que s’est déroulée cette rencontre retraçant 35 années d’une fructueuse carrière dans la recherche.

© Christian Chevalier

Les racines d’une aspiration scientifique

Bon élève à l’école, son attrait pour la biologie s’est imposé comme une suite logique dans son parcours. Après un bac de série D — équivalent à l’époque du baccalauréat scientifique actuel — il poursuit ses études avec un Diplôme d’Études Universitaires Générales (DEUG), une licence, un master, puis une thèse en biologie.  

Sa spécialisation initiale ? La microbiologie et les bactéries phytopathogènes. Mais, comme souvent, la vie prend des tournants inattendus. Il explique avec justesse : « L’idée d’avoir une spécialisation quand on est un jeune étudiant, c’est important, car cela peut donner un rêve ou un objectif. Mais il ne faut pas que cela devienne quelque chose de rigide, qui limite les opportunités. »

Après le service militaire obligatoire de l’époque, il a élargi ses horizons. Gratifié d’une opportunité post-doctorale, celle-ci le conduit jusqu’au Japon. Une expérience marquante dans son parcours scientifique et personnel. 

Curiosité, observation, questionnement.
Christian Chevalier

Éclosion d’une carrière prometteuse

L’exotisme de l’Asie et plus particulièrement du pays, ont été d’un vif intérêt pour le jeune chercheur qu’était Christian Chevalier. Toutefois, le choix de partir relevait d’un défi plutôt audacieux. Il raconte, non sans nostalgie, que ce voyage lui a permis de prendre une autre « dimension », changeant sa vision du monde. Cette aventure a offert également des opportunités professionnelles qui lui ont été d’un grand bénéfice. 

En effet, une réussite post-doctorale lui permettrait de passer le concours de l’INRA afin de devenir chargé de recherche. Révélation… l’expérience nipponne s’est avérée concluante. Christian Chevalier confie toutefois que sa réussite au concours dépendait principalement de son expérience d’adaptation à la vie au Japon, plus qu’aux résultats scientifiques obtenus. 

Dans les années 90, partir réaliser un post-doctorale sur l’île nipponne représentait un tour de force. Les conditions de travail, la société et les défis d’adaptations rencontrés pouvaient faire en abandonner plus d’un. Orphelin de son sujet de spécialisation – suite à un conflit au niveau des instances supérieures – il a dû se réinventer, et s’atteler sur un nouveau domaine d’expertise : la physiologie végétale (qui deviendra par ailleurs son domaine de prédilection encore aujourd’hui).

© Inrae

Il y a trois mots qui, pour Christian Chevalier, résument une manière d’appréhender la science et le monde : « Curiosité, observation, questionnement ». Interrogé sur un conseil de vie qu’il adresserait à de jeunes scientifiques, il invite à réfléchir sur la vie mais aussi à prendre le temps de contempler l’existant. Il faut réaliser la chance que l’on a « d’être » et de pouvoir se questionner sur les origines de ce monde.

Le fruit d’un dur labeur

Quand on évoque une fierté personnelle, c’est ce projet ANR qui vient immédiatement à l’esprit de Christian Chevalier : « Comment la communication de cellule à cellule régule-t-elle la croissance du fruit ? ». 

Brièvement, dans le cas des tomates, un gène régulant leur taille code une protéine dont la fonction était inconnue jusqu’alors. Les recherches ont permis d’identifier le rôle de ladite protéine, restée un mystère pendant 25 ans.  

Il faut aussi savoir que les projets ANR n’ont que 20 % de chances d’être acceptés. Aujourd’hui, la recherche scientifique est souvent marquée par une « culture de l’échec », notamment dans la quête de financements. Cela contraint les scientifiques à passer un temps important à rédiger des projets qui ne verront sûrement jamais le jour. On peut donc comprendre qu’un tel projet, ayant pris 25 ans pour arriver à sa conclusion, puisse avoir une saveur particulière.

Écrit par Victor Maillot