Ce que révèle notre ADN sur nos origines
Découvrir ses origines, retrouver des membres de sa famille… Toutes ces promesses sont faites par les tests ADN de loisirs, devenus populaires il y a quelques années. Quel est donc cet ADN qui permet de savoir tant de choses sur nous ? Comment peut-il nous permettre de retrouver nos ancêtres ?
Nous sommes la clé d’un hasard génétique. Un hasard déterminé par les chromosomes de notre organisme qui ont fait de nous ce que nous sommes. Pour comprendre ce qui se joue, revenons au début. Chaque humain a son information génétique répartie sur 46 chromosomes, soit 23 paires. Un chromosome est un long brin d’ADN contenant toutes nos informations génétiques. Pour chaque paire, un chromosome est d’origine maternelle et l’autre paternelle. En effet, les cellules reproductrices de l’homme et de la femme ont chacune un seul chromosome par paires. Ainsi, lors de la fécondation, les chromosomes de la mère et du père vont s’apparier pour former le patrimoine génétique de l’enfant.
Pourquoi ressemblons-nous à nos parents ?
Sur cet ADN se trouvent des gènes. Une partie de ces gènes est responsable de nos traits physiques et de notre caractère. Quant à savoir lequel du gène de la mère ou du père sera responsable des caractéristiques de l’enfant, cela dépend de multiples facteurs, majoritairement génétiques, mais aussi environnementaux. Pour résumer : si toute notre famille du côté de notre père a les yeux verts, il y a une grande probabilité que ce gène soit transmis et donne aussi à l’enfant des yeux verts, mais ce n’est pas non plus certain. Cela dépendra aussi de la dominance des gènes d’autres couleurs.
L’ADN est donc transmis de génération en génération, la moitié provenant du père, l’autre de la mère. Sur l’ensemble de notre ADN, la moitié, soit 50%, provient du père ; et nous pouvons continuer à remonter les générations du père en partant du principe que la génération précédente a la moitié de la génération du milieu. Ainsi, nous avons 25 % de notre ADN qui provient de notre grand-père, 12,5 % de notre arrière-grand-père, puis 6,3 %, 3,2, 1,6, 0,8…
C’est à partir de 0,7 % que cela commence à être compliqué de retrouver des traces dans les biobanques mondiales, dans lesquelles sont stockées des données génétiques. Mais en regardant tout le génome, on peut encore aller plus loin. « Au niveau de l’ADN, avec ces biobanques (23andMe, MyHeritage, Ancestry DNA…) on peut remonter à plus de 8 générations », explique Guillaume Vogt, généticien, docteur en génétique humaine à l’Inserm.
Un appui pour la généalogie
Nous pouvons donc retrouver grâce à l’ADN des traces de nos ancêtres sur plusieurs générations. Cependant, il est important de savoir que pour retrouver ses ancêtres, la généalogie papier (administrative) est au moins aussi importante que la génétique. En France, on peut retrouver des traces de documents officiels sur les liens généalogiques de quasiment toute la population. Ainsi, lorsqu’un test est fait pour connaître ses origines, il sert généralement à vérifier des hypothèses issues de la généalogie. Il arrive cependant que des personnes n’ayant absolument pas de traces généalogiques retrouvent des membres de leur famille entièrement grâce à des tests ADN.
À la recherche d'ADN similaire
Que regarde un test ADN ? Prenons l’exemple des tests de loisirs utilisés pour découvrir ses origines génétiques et de possibles individus ayant un ADN similaire au sien. Ces tests identifient des marqueurs génétiques, des fragments d’ADN, qui sont censés être identiques au sein d’une même population, mais différents d’une population à l’autre. Ces tests vont ainsi comparer les marqueurs génétiques de l’individu à ceux de sa base de données pour identifier lesquels ils ont en commun. Si l’individu a plusieurs marqueurs génétiques définis comme étant ceux de la population hispanique, il a donc des origines hispaniques.
Cependant, ce système est loin d’être parfait. « Il s’appuie sur un système auto-déclaratif et sur des populations de références, c’est-à-dire que la base de données et sa spécificité augmentent au fur et à mesure que les gens font le test », commente Guillaume Vogt. Les résultats ne seront donc pas les mêmes si l’on refait un test des années plus tard, comme ils sont différents d’un test à l’autre. Ces tests indiquent aussi si notre ADN est similaire à celui de personnes ayant fait ce test, ce qui pourrait signifier qu’elles sont de la même famille.
Mais attention, ces tests sont interdits en France ! En effet, les études faites sur l’ADN, ou sur une quelconque partie de notre corps, sont très contrôlées. Les seuls tests génétiques autorisés doivent être demandés dans le cadre de soins, de recherche, de justice ou par l’armée à l’étranger. Alors, si vous voulez en savoir plus sur vos ancêtres, penchez-vous plutôt vers la généalogie, mais gardez en tête que votre ADN est entièrement constitué de celui de vos ancêtres.
Lucie Gallardo