Entre science et pédagogie : la passion de la transmission

Christine Couture-Veschambre

Paléoanthropologue au laboratoire PACEA*, Christine Couture-Veschambre étudie les squelettes d’individus néandertaliens pour tenter d’en comprendre les modes de vie. Curieuse depuis l’enfance, elle s’attache aujourd’hui à transmettre sa passion, des classes de primaire aux amphithéâtres d’universités. 

*De la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (CNRS, université de Bordeaux)

© Christine Couture-Veschambre

Lorsque Christine Couture-Veschambre reçoit dans son bureau, on ne peut que repenser à l’adage « la première impression est toujours la bonne », car elle semble en être la spécialiste. De ses vêtements impeccablement choisis aux dossiers soigneusement ordonnés sur la table, la scientifique semble ne rien laisser au hasard : « Cela peut paraître futile, mais l’apparence et la mode sont très importantes pour moi, c’est une forme de respect pour les autres, livre-t-elle. La manière dont on s’habille est le premier message que l’on envoie à son interlocuteur, une manière de commencer à transmettre un message. » Car c’est bien de cela qu’il s’agit, la notion de transmission étant essentielle pour cette scientifique qui a fait du partage des connaissances un mot d’ordre dans sa carrière.

Dès l’enfance, son père, un homme érudit et passionné d’Histoire, entretient de longues conversations avec ses filles, éveillant leur curiosité et leur goût pour l’apprentissage. Le savoir et la découverte font partie du quotidien de la famille, où les enfants sont incités à réfléchir et expérimenter par eux-mêmes. Cet état d’esprit, formé jeune, incite plus tard Christine Couture-Veschambre à s’orienter vers un cursus scientifique qu’aurait peut-être pu suivre son père s’il en avait eu les moyens : « C’est un peu une manière de faire ce qu’il n’a pas pu faire », dévoile-t-elle. À l’université de Bordeaux, elle entame une formation de biologiste avec pour objectif d’étudier le règne animal. Mais c’est en découvrant l’anthropologie biologique que sa vocation naît. Cette discipline lui permet d’appliquer à l’étude du genre humain la génétique des populations, qu’elle aime pour sa faculté à dévoiler les mécanismes qui sous-tendent l’adaptation.

Recevoir et transmettre

Rien dans son parcours n’était prévu sur le long terme : la paléanthropologue admet même s’être détournée d’études en médecine « trop longues » qui n’auraient pas permis de changer facilement de voie. Ce sont pour elle les hasards et les rencontres qui font les parcours : « parfois ce sont les professeurs qui nous influencent, confie-t-elle. Même à l’heure actuelle, mon parcours peut être influencé par des rencontres, notamment avec des élèves ». En effet, ce sont parfois les questions posées ou les remarques faites dans un cours qui lui permettent de prendre du recul, penser différemment un sujet et ainsi orienter son chemin. Elle a l’habitude de dire qu’elle ne s’est pas faite toute seule : « je dois à beaucoup de gens le fait d’être là et j’essaie de rendre en retour. »

© Lionel Allorge

Une photographie d’Yves Coppens, dont les travaux s’inscrivent dans le même champ disciplinaire que celui de la chercheuse, personnage emblématique connu pour sa faculté à transmettre des savoirs.

Christine Couture-Veschambre travaille aujourd’hui en tant qu’enseignante chercheuse au laboratoire PACEA (CNRS, université de Bordeaux). Il est consacré à l’anthropologie, l’évolution humaine et l’environnement de la Préhistoire à l’Histoire récente. En tant qu’anthropologue des périodes anciennes, elle y étudie plus précisément les Néandertaliens, tentant de comprendre les modes de vie de ces individus par l’observation de leurs squelettes. Bien décidée à partager sa passion, elle s’attache à « accrocher l’esprit » des élèves qui se trouvent face à elle, lors de cours universitaires ou d’actions de médiation qu’elle mène auprès de primaires, collèges et lycées. Son ambition n’est pas nécessairement de susciter des vocations, mais plutôt que naisse en chacun l’envie de comprendre le monde qui l’entoure, d’en donner des clefs de lecture. Dans chacune de ses interventions, elle cherche à allier rigueur scientifique et éloquence, compétences inspirées par des figures comme le regretté paléoanthropologue Yves Coppens, professeur émérite au Muséum national d’Histoire naturelle et au Collège de France. Il n’y a pour Christine Couture-Veschambre pas d’apprentissage sans plaisir ni curiosité qu’il est « essentiel d’éveiller en chacun de nous ».

Je dois à beaucoup de gens le fait d’être là et j’essaie de rendre en retour.
Christine Couture-Veschambre

Écrit par Virgile Charenat