Mémoire mémoire, dis-moi qui je suis ?

Avoir des difficultés à s’exprimer, à se situer ou à se souvenir des événements récents : tel est le quotidien des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Tour d’horizon des causes et des enjeux liés à cette pathologie avec Catherine Helmer, chercheuse spécialisée dans l’étude des maladies neurodégénératives au Bordeaux Population Health.

En France, plus d’un million de personnes sont touchées par la maladie d’Alzheimer ou des pathologies apparentées, avec 200 000 nouveaux patients chaque année. Le plus souvent, la maladie d’Alzheimer touche les personnes âgées de plus de 65 ans, « Une personne sur cinq âgée de plus de 80 ans est touchée par cette pathologie », précise Catherine Helmer.

La maladie d’Alzheimer s’explique par l’apparition progressive de deux types de lésions cérébrales : les plaques amyloïdes qui se déposent à l’extérieur des neurones, et les dégénérescences neurofibrillaires qui touchent l’intérieur des neurones. Ces lésions impactent différentes zones cérébrales et vont entraîner des difficultés à effectuer des activités de la vie courante, des troubles de la mémoire, des difficultés à écrire ou à parler, à se repérer dans l’espace et le temps.

40 % des cas maladies d’Alzheimer pourraient être retardés.
Catherine Helmer

Une maladie évolutive

On définit la gravité de cette maladie selon plusieurs stades, allant du trouble cognitif mineur à majeur.
Les troubles cognitifs se définissent comme un ensemble de symptômes qui touche à la connaissance comme à la mémoire, au langage et au raisonnement. Les symptômes varient en fonction du type et de la localisation des lésions cérébrales.
Les troubles cognitifs majeurs se caractérisent par « une incapacité presque totale à faire ses activités du quotidien », précise Catherine Helmer. « On ne se souvient plus où on a mis ses clés, et on en oublie même qu’on cherchait ses clés ». La maladie devient un réel handicap pour la personne touchée. La difficulté première de cette pathologie dégénérative réside dans sa prise en charge tardive. Lorsque les symptômes apparaissent, les lésions sont déjà très présentes et malheureusement irréversibles.
Mais une prise en charge précoce des malades sur le plan clinique dès les premiers symptômes peut permettre d’organiser la prise en charge et donc d’améliorer la qualité de vie du patient. « 40 % des maladies d’Alzheimer pourraient être retardées », selon Catherine Helmer.

Représentation d'un réseau de neurones © Unsplash
Représentation d'un réseau de neurones © Unsplash

Des découvertes prometteuses ?

Le sujet de la maladie d’Alzheimer est très présent dans l’actualité. « Cette pathologie touche plus de personnes à l’heure actuelle que par le passé », précise la spécialiste.
En cause, le vieillissement de la population française. « Mais nos études montrent qu’à âge égal, il y a moins de risque de développer la maladie d’Alzheimer aujourd’hui qu’il y a 20 ou 30 ans ; sans doute parce que nous contrôlons mieux certains facteurs de risque », ajoute Catherine Helmer. Parmi ces facteurs de risque, citons les facteurs vasculaires (qui touchent les vaisseaux comme les artères). Ainsi, le contrôle de l’hypertension artérielle aide à prévenir le risque de développer cette maladie. Des enjeux sociaux et sociétaux, comme l’évolution et le développement du niveau d’éducation sont également un facteur qui retarde l’apparition de la maladie. Malgré cela, notre population vieillissant, le nombre de malades continue d’augmenter.

Et malgré les nombreuses recherches sur cette pathologie, elle reste à ce jour incurable.
Cependant, suite à la découverte de lésions vasculaires dans le cerveau chez de nombreux patients, la recherche s’intéresse à la détection de ces lésions afin de ralentir leur progression. Le cerveau n’étant pas directement accessible pour les détecter, l’œil – notamment le réseau microvasculaire rétinien – pourrait servir de « fenêtre sur le cerveau ». Ainsi, l’observation de l’œil pourrait permettre, lors d’une simple visite chez l’ophtalmologiste, de visualiser des lésions vasculaires éventuelles grâce à un examen très rapide et complètement indolore. Cela pourrait permettre de prendre rapidement en charge le patient ayant ces lésions afin de limiter leur progression et ainsi retarder l’aggravation des symptômes et de la maladie.

Le saviez-vous ?

Malgré ce que beaucoup peuvent penser, la maladie d’Alzheimer n’est pas forcément héréditaire. Même si certaines prédispositions génétiques existent, elles peuvent s’exprimer ou non selon les individus et sont loin de tout expliquer.
Cela rend encore plus compliqué la prise en charge des personnes souffrant de cette maladie. Cependant, si nos gènes ne nous permettent pas de savoir avec précision qui va développer cette pathologie, plusieurs facteurs aggravants ont été détectés comme l’obésité, l’hypertension, la sédentarité, ou encore la pollution de l’air.
Enfin, si vous ou l’un de vos proches présentez des symptômes évoquant la maladie d’Alzheimer, n’hésitez pas à en parler à un médecin.

Cerveau en surbrillance
Cerveau en surbrillance © Canva

Calliopée Archambault