Lorsque la quête d’autrui motive la recherche
Shauna Parkes
Le temps d’une discussion, Shauna Parkes nous fait découvrir son quotidien de chercheuse en psychologie à l’Institut de neurosciences cognitives et intégratives d’Aquitaine (INCIA) rattaché au CNRS et à l’université de Bordeaux. Elle y étudie précisément le rôle du contexte dans la prise de décision chez l’humain. Retraçons son parcours en partant de l’Australie, son pays natal, pour arriver en France, son pays de cœur.
Aimer le contact humain, un indispensable en psychologie
C’est d’abord son appétence pour l’échange, cultivée depuis l’enfance, qui a conduit la chercheuse à s’intéresser à la psychologie humaine. Elle confie : « J’ai toujours aimé parler avec les gens, les écouter et essayer de comprendre comment ils fonctionnent ». En effet, très tôt, cet attrait l’a poussé à rejoindre bénévolement un environnement particulier : le milieu carcéral, pour découvrir la psyché de ses résident·e·s.
Ces expériences humaines ont conforté Shauna Parkes dans son choix, résonnant comme une évidence : intégrer une licence de psychologie. Après son diplôme à l’Université de New South Wales (Sydney, Australie), elle est restée encore quelques années sur le continent pour réaliser une thèse et un doctorat en neurobiologie. La France lui tendit les bras en 2014 en lui proposant d’intégrer l’INCIA : c’est alors l’occasion de vivre de sa passion tout en découvrant le pays. Elle rejoint finalement le CNRS en 2017, via le concours d’entrée de la structure, pour étudier l’influence du contexte dans le choix, notamment avec le projet CocoChoice (2019-2023).
Une recherche intégrative
La force de Shauna Parkes ? La perspective intégrative (Ndlr. croisant plusieurs disciplines) que lui ont appris ses études pluridisciplinaires en Australie, rassemblant la psychologie cognitive, sociale, animale, neurosciences etc., qu’elle applique à ses recherches. Ainsi, en utilisant différentes espèces (humains et rongeurs) dans des projets collaboratifs, elle espère produire des résultats complets aux niveaux neurobiologique et cognitif. Shauna Parkes l’avoue : elle aimerait travailler davantage avec les humains ; elle compense cet écueil grâce à un travail d’équipe d’exception qui lui permet d’échanger au quotidien avec ses collègues.
Au-delà de ces réunions, qui occupent la majeure partie de ses journées, le quotidien de la chercheuse est rythmé par la supervision d’étudiant·e·s travaillant au sein de l’animalerie. Désireuse de transmettre ses connaissances, Shauna Parkes donne aussi des cours en master. Cependant, être chercheur·se, c’est aussi solliciter des financements et gérer l’administratif, bien que Shauna Parkes soit épaulée par l’équipe de gestion de l’INCIA, de l’Université de Bordeaux et du CNRS. Elle ne semble pas rebutée par cet aspect collaboratif de la recherche. « Demander des financements, c’est créer un projet de recherche avec des collègues. […] J’aime ce côté de la recherche française. »
Malgré les inconvénients que soulèvent ces tâches, l’experte reste passionnée par son projet de recherche notamment en raison de son étude sur plusieurs inter-espèces et de son caractère complexe liée à l’évolution des espèces.
Défendre le droit de tous·tes
Parallèlement, Shauna Parkes est responsable du Comité parité et inclusion du NeuroCampus (NeuroPIC), ayant pour but de valoriser la diversité des chercheurs (genre, origine, sexe…) en défendant l’égalité. Ce combat est encore malheureusement très actuel puisque, comme l’illustre la chercheuse, « certaines personnes pensent encore que la raison pour laquelle moins de femmes occupent le poste de chercheuse, c’est qu’elles ne l’ont pas mérité ».
Cette mission, menée bénévolement, demande une source d’énergie conséquente puisque l’experte confie y consacrer presque 10 heures par mois.
Quels sont les critères d’un·e bon·ne chercheur·se ? Shauna Parkes nous confie que pour recruter ses étudiant·e·s, elle ne priorise pas les résultats scolaires. En revanche, il est essentiel de savoir faire preuve de résilience, de concentration et de rigueur durant ses recherches. Shauna Parkes le souligne : la passion, l’ouverture d’esprit, la curiosité et l’appétence pour le travail d’équipe sont des atouts incontournables pour s’épanouir dans le métier.
Le Comité parité du NeuroCampus (NeuroPIC) a mené en 2022 une enquête sur les inégalités liées au genre.
Écrit par Julia Fernandez